Ziphius du golfe de Gascogne

A la recherche du nid des Marsupilamis !

Nos observations de cétacés dans le sud du golfe de Gascogne ne sont pas focalisées sur des espèces particulières, mais comme la zone des canyons basques et cantabriques est propice aux ziphiidés, il est évident que nous mettons à profit notre présence pour étudier le comportement des ‘baleines à bec’, en particulier le Ziphius de Cuvier (Ziphius cavirostris).

Un groupe de trois Ziphius dans les conditions typiques du golfe ce mois-ci

Le premier défi pour observer cette espèce réside dans la difficulté … pour les trouver : titulaire des records de durée et de profondeur de plongée, le Ziphius est en effet peu visible en surface, en particulier dès que les conditions météo s’écartent de l’idéal. Comme dans le golfe de Gascogne, ces conditions sont rarement ‘idéales’, nous passons souvent une journée avant de rencontrer un groupe de Ziphius !

Facile à détecter en surface, un Ziphius blanc dans une mer ‘ridée avec houle’

Le second défi consiste à ‘décoder’ les comportements d’après ce que l’on observe à la surface … heureusement, les écoutes acoustiques permettent de savoir quand les Ziphius partent en sonde profonde pour se nourrir. Pour savoir si un Ziphius est mâle ou femelle (ce qui aide à comprendre la dynamique du groupe), il faut dans l’idéal réussir à voir ou photographier la tête de l’animal : seuls les mâles adultes ont deux petites dents qui émergent au bout du ‘menton’.

Femelle ou mâle sub-adulte ? La quantité de cicatrices donnera un indice important

Un autre indice pour ‘sexer’ un individu est la quantité de cicatrices doubles qui marquent le corps du Ziphius : comme celle-ci résultent principalement d’altercations entre mâles (elles sont dues justement aux deux dents émergées chez les mâles adultes), les Ziphius masculins en sont bien pourvus. Un grand individu ‘sans dent’ presque dépourvu de cicatrices doubles sera ainsi probablement une femelle.

Bateau silencieux positionné immobile à 400 mètres … mais ce Ziphius très curieux vient voir le voilier …

Enfin, une des difficultés particulières à l’observation longue des Ziphius résulte de son aversion pour le bruit : il est préférable de positionner le bateau immobile à plusieurs centaines de mètres du groupe observé … on imagine la scène en plein océan, avec une houle de 1,50 mètres !

… Il s’ensuit un scan méticuleux de notre coque, puis l’animal s’éloigne, toujours submergé, pour réapparaître à 800 m

Moyennant toutes ces précautions, nous avons observé les Ziphius à plus de 20 reprises depuis mi-juillet: la zone des canyons du sud du golfe de Gascogne est vraiment un hot spot mondial pour les ziphiidés. On a peur d’imaginer ce que provoquerait l’utilisation de sonars militaires dans cette région … des dizaines de morts certainement.

Alexandre et cetaces.org