… Ce sera ‘L’écologie du peuplement de cétacés’
L’année 1991 voit une évolution du cadre de nos prospections : grâce à une rencontre avec monsieur Pierre Beaubrun de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (laboratoire de l’Université de Montpellier), je peux inscrire nos recherches dans le cadre d’une thèse de doctorat.
Du même coup, nos prospections en mer vont se dérouler sous l’égide du Groupe de Recherche sur les Cétacés, association qui sera créée à l’automne 1991, avec des amis et des membres de notre famille.
Pour ce qui est de l’orientation des recherches elles-mêmes, elles se recentrent sur le nord du bassin occidental, nos prospections de 1988 à 1990 ayant montré que cette région, proche de la France, était digne d’intérêt.
Dès le mois de mars nous commençons à parcourir la mer Ligure et la zone provençale avec notre voilier Anacaona et des équipiers occasionnels. Les méthodes sont maintenant bien au point: avoir 3 observateurs à bord et attendre le beau temps.
Hélas, à partir de la mi-juillet nous voyons apparaître de sinistres filets dérivants en mer Ligure, des engins de 10 km et plus qui nous obligent parfois à des détours d’une heure dans les navigations nocturnes. En même temps, nous avons le triste privilège d’observer un dauphin bleu et blanc … mort.
Malgré le stress provoqué par la présence de ces pêcheurs destructeurs, nous avons l’opportunité d’observer de nombreux rorquals communs, sur lesquels nous pratiquons la photo-identification. Nous identifions une zone très riche à 20 milles à peu près à l’Est de l’île du Levant.
Egalement, au cours d’une traversée vers la Corse, nous faisons notre première belle observation de cachalot, un individu assez gros qui se détourne pour s’approcher de notre voilier. Ne connaissant pas encore très bien le comportement de cette espèce dentue, nous ne sommes pas très rassurés.
Cet été 1991 est marqué par plusieurs belles observations de globicéphales, dans la zone est-provençale, avec de grands groupes paisibles comptant jusqu’à 40 individus. Nous savons déjà que cette espèce se nourrit la nuit et se repose le jour.
C’est à proximité d’un grand groupe que nous rencontrons un individu solitaire, semblant handicapé: on s’aperçoit bientôt que ce globi est prisonnier d’une pièce de filet dérivant. Pas d’autre possibilité que de le délivrer: au bout d’une heure d’efforts avec une paire de ciseaux, notre animal est libéré, et nous, heureux.
Ainsi, en cette première année de thèse, le deuxième objet de la création du GREC, la protection des cétacés, se trouve immédiatement mis en pratique … On sait que le combat contre les filets dérivants en Méditerranée française et italienne mettra quinze années à être gagné.
Et encore, est-on bien sûr que la victoire est définitive ?
Fin-1991, après avoir à nouveau collecté plus de 100 données d’observation, sur six espèces, le Groupe de Recherche sur les Cétacés est lancé pour de bon. Nous prenons à bras le corps le projet scientifique sur les cétacés de Méditerranée, en même temps que nous sommes confrontés d’emblée avec un problème environnemental grave. Heureusement que nous ne savons pas encore que les problèmes environnementaux ne disparaissent jamais …