Mésoplodon de True…

… 36e espèce observée par le GREC durant ses navigations

C’est un peu notre cadeau pour cet été 2024, le présent offert par un golfe de Gascogne pas toujours plaisant sur un voilier de 12 mètres, il faut le reconnaître. Nous avons observé, et même étudié, un groupe de six Mésoplodons de True, dans les eaux profondes du large des côtes cantabriques.

Un dos … ce n’est pas suffisant pour identifier une espèce de ziphiidé

Il faisait beau, la journée était bien avancée, nous avancions au moteur gentiment à 5 petits noeuds … et l’observatrice de tribord signala soudain un dos à 500 m : un dos apparaissant soudainement, c’est signé ‘Z’ comme ziphiidé (baleine à bec pour les adeptes du franglais). L’animal respira quelques fois puis sonda d’une manière qui suggérait plus un Mésoplodon qu’un Ziphius de Cuvier.

Pendant quelques secondes, 4 individus apparaissent à la surface, deux couples mère-nourrisson

Mésoplodon, oui … mais lequel ? Rien de pire pour un naturaliste que de ne pas pouvoir mettre un nom d’espèce sur un animal observé. Heureusement, nos mésoplodons (car en fait il y en a 6), réapparaissent une poignée de minutes plus tard et pas très loin, ce qui va nous permettre, peut-être, de bien les identifier.

La tête d’une femelle avec un melon bien bombé, et un rostre assez fort

Mais … mais … mais … il s’agit de femelles accompagnées de leurs jeunes, et l’identification d’une espèce de Mésoplodon n’est ‘facile’ que si l’on peut voir, c’est-à-dire photographier, la tête d’un mâle adulte, car la position des dents est diagnostique. La forme et la longueur de la mandibule sont aussi des critères importants.

A quelques centaines de mètres, un juvénile suivi par sa mère (présumée)

Nous ne sommes pas au zoo, on ne doit pas s’approcher sous peine d’effrayer les cétacés, c’est un risque: alors l’observation se fait à distance, le voilier est immobile, et nous espérons que les photos seront assez bonnes. Par chance, à moment donné, une paire fait mine de se rapprocher : la femelle adulte montre sa tête à peut-être 150 m.

Image d’une tête de femelle qui va aider à l’identification de M. mirus

Ni Mesoplodon bidens, ni densirostris (nous connaissons ces deux espèces) ! Alors Mésoplodon de Gervais (M.europaeus) ou de True (M.mirus) ? Vu le rostre un peu long, et la pigmentation, c’est ce dernier qui recueille les suffrages des rares qui se risquent à un pronostic … et c’est ce que confirmeront les photos, tard dans la soirée, une fois amarrés au port.

Dix ans pour ‘attraper’ une 36e espèce ? La cétologie est-elle affaire de patience, oui ou non ?

Alexandre et cetaces.org