Delphinus delphis (Linné, 1758)
– Avec une note sur l’écologie de l’espèce en Méditerranée –
Petit delphinidé de 2 m à 2,5m .
- Maturité sexuelle : mâle 11 ans ; femelle 9 ans.
- Maturité physique : mâle 11-13 ans ; femelle 7-9 ans.
- Pigmentation : gris foncé sur le dos avec un dessin en forme de sablier sur les flancs composé d’une plage jaunâtre à l’avant et d’une plage gris-bleu à l’arrière. Ventre clair.
- Tête : pourvue d’un rostre assez long et d’un melon assez effilé. Ce dauphin a une allure assez svelte.
- L’aileron dorsal est assez grand, de forme triangulaire ou falciforme, gris foncé souvent marqué d’une tache blanche.
- Rencontré en bandes d’effectif moyen (10 à 40 individus).
- Nourrissons : naissances en été. Ségrégation sociale fréquente.
- Habitat : assez côtier mais présent aussi au large.
- Activité diurne : assez actif, variant du déplacement et à la socialisation, ou à la prédation.
- Réponse au bateau : variable, inclut souvent la visite à l’étrave et quelques sauts.
- Confusion possible avec le Dauphin bleu et blanc, beaucoup plus fréquent dans le nord de la Méditerranée. La pigmentation est typique et l’allure du dauphin commun est plus « allongée »; en zone tropicale, confusion facile avec le Dauphin commun à bec long des anglophones, Delphinus capensis.
- Méditerranée : assez commun mais pas dans le nord.
- Atlantique nord-est : commun, y compris en eaux côtières.
- Régions outre-mer : très rare.
Biologie et écologie en Méditerranée
Le dauphin commun fait partie des huit espèces communes en mer Méditerranée.
Le Dauphin commun est largement répandu dans les mers tempérées du globe, et irrégulièrement distribué dans toute la Méditerranée (et aussi en mer Noire). Il semble fréquent dans l’extrême sud et ouest du bassin occidental.
La durée de gestation serait de 11 mois et l’allaitement dure plus d’un an. La mise-bas intervient en particulier durant l’été. Les groupes importants que nous avons vus au mois d’août comptent des femelles accompagnées de nouveau-nés.
Le régime alimentaire du dauphin commun est varié, à l’instar de celui du dauphin bleu et blanc. Les rares informations disponibles en Méditerranée indiquent une tendance ichtyophage plus marquée : les contenus stomacaux étudiés comprennent une forte proportion (plus de 90%) de poissons (sardine, sardinelle, anchois). Bien que cette espèce soit opportuniste, elle serait donc spécialement apte à exploiter une ichtyofaune abondante et variée. Cette tendance est bien illustrée d’ailleurs par l’abondance du dauphin commun en mer Noire associée à l’absence du dauphin bleu et blanc : il est bien connu que les calmars sont pratiquement absents de cette mer, alors que les poissons y sont abondants.
Le comportement d’un groupe de dauphins communs est très variable. L’activité diurne de ces dauphins peut être plus inclinée vers la chasse : la localisation et la prédation de « boules d’anchois » paraît assez typique de cette espèce. Dans le sud du bassin, où cette espèce est bien représentée, les groupes sont généralement d’effectif important (plus de 50 individus en moyenne). Au niveau acoustique, nous avons recueilli des signaux d’une grande diversité, mais nous ne savons pas si cette caractéristique est un trait général de l’espèce ou l’illustration d’un cas particulier.
La distribution du dauphin commun est bien distincte de celle du dauphin bleu et blanc, aussi bien en Méditerranée (là où les deux espèces coexistent) qu’en Atlantique (golfe de Gascogne). Ce dauphin est typiquement plus côtier que son cousin: il fréquente des fonds moins importants et donc des secteurs plus proches du littoral. Cela est bien sûr lié à son régime alimentaire plus orienté vers les petits poissons, qui se reproduisent en général au dessus du plateau continental.
Les dauphins communs n’ont habituellement pas peur des voiliers et peuvent passer de longs moments à jouer à l’étrave des bateaux. C’est dans ces occasions que l’ont peut admirer la grande beauté de ses lignes, et son regard parfois curieux de ce qui se passe sur le voilier.
Le dauphin commun est également au cœur d’une énigme passionnante: d’après des données d’il y a quelques décennies (échouages), cette espèce passe pour avoir été plus abondante que le dauphin dauphin bleu et blanc. Nous ne mettons pas cette hypothèse au rang des certitudes, mais la raréfaction progressive du dauphin commun pourrait concerner certaines zones côtières.
Une diminution des ressources en petits poissons pélagiques et une concurrence accrue des pêcheurs ont exposé le dauphin commun aux aléas des activités humaines. Dans plusieurs régions de Méditerranée (îles Ioniennes), cette espèce est menacée de disparition et son maintien demanderait des mesures intelligentes de gestion de l’espace marin. Mais il y a encore des Delphinus delphis dans le sanctuaire Pelagos.
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