Tursiops truncatus (Montagu, 1821)
– Avec une note sur l’écologie de l’espèce en Méditerranée –
Delphinidé de taille moyenne (3 à 4 mètres).
- Maturité sexuelle : mâle 9-12 ans ; femelle 8-10 ans.
- Maturité physique : mâle 20 ans ; femelle 12 ans.
- Pigmentation : gris moyen à plus clair sur le ventre ; en Méditerranée, il n’est pas rare de distinguer une légère ‘écharpe’ plus claire remontant sous la dorsale.
- Tête pourvue d’un rostre assez court et épais, mais bien distinct du melon.
- L’aileron dorsal est assez grand et de forme variable falciforme.
- Rencontré en petite bandes de 5 à 25 individus, parfois en compagnie de bateaux de pêche.
- Habitat : côtier, fréquent sur le talus aussi, au large éventuellement (Gascogne).
- Activité diurne : variable, y compris la traque et la chasse de proies en zone côtière.
- Réponse au bateau : souvent à l’approche, courte visite à l’étrave fréquente. Sauts assez fréquents; parfois méfiant, selon le contexte.
- Confusion possible : de loin avec le Grampus. Son allure générale puissante, avec des mouvements d’émersions amples, permet de distinguer le Grand dauphin des petits delphinidés.
- Méditerranée : commun.
- Atlantique nord-est : commun.
- Régions outre-mer : commun.
Biologie et écologie en Méditerranée
Le grand dauphin fait partie des huit espèces communes en mer Méditerranée.
Le Grand dauphin est présent dans toutes les mers du monde, sauf les mers entièrement fermées, et à l’exclusion des régions froides. Il est commun dans toute la mer Méditerranée (mer Noire comprise); dans le bassin occidental on le rencontre fréquemment autour des grandes îles et en certains endroits du littoral continental. Contrairement aux autres cétacés méditerranéens, son habitat est principalement le plateau continental.
On le rencontre souvent en groupe d’effectif voisin d’une dizaine d’individus, dans lesquels se trouvent généralement 1 ou 2 juvéniles de petite taille. Mais parfois des groupes de 50 individus sont aperçus, comme dans le golfe du Lion.
La gestation durerait 12 mois et les accouplements auraient lieu au printemps. Nous observons des nourrissons durant l’été. L’allaitement durerait plus d’un an, mais le jeune reste près de sa mère pendant plusieurs années.
Le régime alimentaire du grand dauphin est très varié, avec en général une forte fréquence des poissons benthiques (mulets, notamment). Pour cette raison, le Tursiops n’est pas toujours regardé avec sympathie par les pêcheurs, car il est ressenti bien souvent comme un concurrent.
Il n’hésite pas à côtoyer les bateaux de pêche, ou à s’approcher des filets, voire parfois subtiliser des poissons. Ce voisinage avec l’homme lui vaut parfois un coup de fusil ! L’activité varie selon les circonstances de l’observation, mais la traque de proies semble majoritaire.
La réponse vis-à-vis du bateau semble variable selon les régions : évitement ou approche traduisent soit la méfiance soit la curiosité, les deux pouvant se succéder à intervalle rapide selon les évolutions du bateau. Les grands dauphins sont peut-être moins méfiants le long de la côte ouest de la Sardaigne, qu’autour de la Corse ou du nord-est de la Sardaigne.
La vision d’un groupe de grands dauphins est chose commune le long des côtes de Corse, de Sardaigne et des Baléares, ou aux abords de la Provence.
Pour le grand dauphin, les données ne montrent pas de variation saisonnière de distribution. Au contraire, l’habitat côtier et le régime alimentaire varié plaident plutôt pour une stratégie d’occupation permanente d’un domaine, et pour son exploitation en toutes saisons grâce à une connaissance fine de la topographie et de son écologie. Pourtant, des grands dauphins font des déplacements de plusieurs centaines de km, comme entre la Corse et la Provence.
A terme, la dégradation des habitats côtiers comme la diminution des ressources halieutiques, mais aussi la fréquentation touristique trop intense, ou les agressions volontaires de la part de certains pêcheurs peuvent localement dégrader les populations de grands dauphins. Mais globalement, les capacités uniques d’adaptation de l’espèce permettent d’espérer que le statut de cette espèce ne soit pas défavorable à moyen et long terme.
La prise en compte de leur protection dans la Directive Habitats empêchera sans doute qu’ils suivent le même chemin que le Phoque moine, en Méditerranée occidentale.
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