Les dents des ziphiidés, clefs d’identification
Le problème de l’identification des ziphiidés ne se résume pas à une histoire de dents, mais localement, à l’échelle d’une région comme l’Europe, discriminer les espèces est possible si l’on arrive à distinguer la position des dents. Pour poser le débat, on doit préciser que les dents des ziphiidés ne sont visibles que chez les mâles adultes, sauf pour quelques espèces (Tasmacetus shepherdi, Mesoplodon grayi), qui sont normalement absentes d’Europe.
Observons que les cétacés de la famille des ziphiidés (vulgairement appelés baleines à bec) n’ont que deux dents positionnées sur le mandibule, à l’exception des Berardius (océan Pacifique et Austral, quatre dents), du Mésoplodon de Gray (M. grayi), qui comptent aussi des dents sur la mâchoire supérieure, et du Tasmacète de Shepherd, qui compte des rangées de petites dents sur la mandibule et la mâchoire supérieure.
On observe aussi que toutes les espèces de taille moyenne (Ziphius, Tasmacète, Indopacetus pacificus) ou grande (genres Berardius et Hyperoodon) portent des dents sur l’extrémité de la mandibule. Pour les autres espèces, donc celles du genre Mesoplodon, qui sont les plus difficiles à identifier, la position des dents sur la mandibule du mâle donne une clef utilisable dans les mers européennes.
La majeure partie des mésoplodons portent leur deux dents en position médiane ou légèrement postérieure de la mandibule. On trouve deux de ces espèces dans le Pacifique nord, M.carlhubbsi et M.stejnegeri, une dans le Pacifique tropical Est (M.peruvianus), et cinq dans l’hémisphère austral (M.bowdoini, M.ginkgodens, M.grayi, M.layardi, M.traversi).
Peu de mésoplodons portent leur dents à l’extrémité avant de la mandibule : il y a l’espèce cosmopolite M.mirus (Mésoplodon de True), et les espèces M.hectori (M. de Hector, hémisphère Sud tempéré) et M.perrini (M. de Perrin, Pacifique nord-est tempéré).
Il y a deux espèces de mésoplodons à dents médianes visibles normalement dans les mers européennes: il s’agit du Mésoplodon de Sowerby (M.bidens, Atlantique) et du Mésoplodon de Blainville (M.densirostris, cosmopolite tropical et tempéré).
Pour ces deux espèces, l’identification en mer peut ne pas poser de problème à condition que le mâle adulte soit observé à courte distance : le Mésoplodon de Sowerby porte des petites dents sur un museau plutôt fin avec une bouche rectiligne, alors que le Mésoplodon de Blainville porte de grosses dents sur un bec assez court avec une commissure de la mandibule très convexe sur sa moitié postérieure.
Enfin, une quatrième espèce de mésoplodon visible normalement en Europe porte ses deux dents au 1/3 antérieur de la mandibule : il s’agit de M.europaeus (M. de Gervais, Atlantique tempéré et tropical).
En conclusion, en cas d’observation d’un mésoplodon (mâle) dans les mers d’Europe, on peut se référer à la clef suivante :
– dents petites à l’extrémité du bec : Mésoplodon de True (M.mirus)
– dents moyennes en position latérale avant : Mésoplodon de Gervais (M.europaeus)
– dents petites en position médiane : Mésoplodon de Sowerby (M.bidens)
– grosses dents en position médiane, bouche arquée : Mésoplodon de Blainville
Mais pour ce qui est de mésoplodons femelles ou de sub-adultes, on aura beaucoup de mal à avoir une identification certaine.
Le problème de l’identification sur le terrain des deux autres ziphiidés des mers européennes (Ziphius et Hyperoodon), peut presque être considéré comme trivial … par comparaison à celui posé par les mésoplodons !
Remerciements: à Nadège Pineau pour ses illustrations.
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