Le Dauphin de Risso au large des côtes azuréennes, raréfaction
Des mœurs douces, comme la zone tempérée qu’il habite, semblent être le partage de ce cétacée, qui n’approche de nos côtes que dans le temps des amours […].
(Antoine Risso, 1826. Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale et particulièrement de celles des environs de Nice et des Alpes Maritimes. Tome 3)
Le Groupe de Recherche sur les Cétacés a le privilège de disposer d’une base de données de prospections de plus de 30 ans d’âge. Nous pouvons donc raisonnablement travailler sur le ‘long terme’, ce qui nous permet hélas de livrer aujourd’hui un résultat déprimant: le Dauphin de Risso est devenu très rare au large des côtes entre le Cap Ferrat et le Cap Camarat.
Nous avions cette impression depuis le début des années 2000, puis l’impression devint certitude: les observations de Grampus sont devenus exceptionnelles dans la région depuis 2010.
A l’occasion de la World Marine Mammals Conference (Barcelone, décembre 2019), nous avions fait parler les chiffres: les statistiques sont implacables. De la décennie 1989-1998 à la décennie 2009-2018, le taux d’observation de cette espèce est passé de 2,3 à 0,15 observation pour 1000 milles parcourus.
Cette statistique est valable pour toutes les saisons mélangées, puisque l’on sait que le Dauphin de Risso est une espèce nomade que l’on voit aussi bien hors saison qu’en été. L’essentiel de la chute de fréquentation s’est produite après la décennie 1999-2008.
Le Grampus est heureusement encore visible dans d’autres régions (golfe du Lion, Tyrrhénienne,…), mais il apparaît qu’il a largement déserté l’habitat du talus continental, étant davantage visible très au large.
Localement, le constat est cruel car la diversité des cétacés en mer Ligure n’est pas très élevée, aussi, une espèce de moins, c’est aussi plus de monotonie dans les prospections.
Quant à répondre à la question « Pourquoi le Dauphin de Risso s’est-il tant raréfié dans la région ? », ce n’est pas pour tout de suite car plusieurs facteurs se combinent. Un travail pour de futurs chercheurs et aussi un cas concret de diminution de la biodiversité, ce thème si cher à nos politiques… !