Le destin de plusieurs milliers de dauphins sera scellé d’ici 1 mois
L’heure est grave pour des milliers de dauphins du golfe de Gascogne : l’issue des ‘arbitrages’ inter-ministériels en cours va décider de leur vie ou de leur mort. Point n’est besoin de rappeler que chaque année, entre 5 et 10 000 dauphins communs succombent dans les engins de pêche variés utilisés dans cette région.
Le temps n’est plus aux mesures homéopathiques ou aux déclarations d’intention, car le rapport du CIEM est passé par là, et l’injonction de la commission européenne est claire : ‘Agissez pour diminuer cette mortalité, ou nous agirons à votre place‘. Le CIEM a établi que la diminution significative des captures passait dans l’immédiat par une interruption de l’effort de pêche concerné à la période la plus critique, en hiver. Il suggère qu’une interruption de deux mois aurait un effet bénéfique vérifiable.
Trois ministères en particulier ont leur mot à dire dans l’arbitrage en cours : celui de l’Agriculture et de la Pêche, celui de la Mer, et celui de l’Environnement (nous préférons lui conserver son ancienne dénomination). Une mesurette, comme par exemple une interruption des pêcheries concernées pendant 2 semaines, mécontenterait tout le monde et aurait des résultats faibles ou non mesurables en terme de diminution de la mortalité.
De toutes façons, il n’est plus temps de déplorer l’incapacité des scientifiques à expliquer finement le phénomène : cette incapacité est le résultat de deux décennies d’insuffisance de moyens et de choix hasardeux dans la recherche sur les cétacés. On n’y remédiera pas en deux ou trois ans. Un Plan National d’Actions sur les cétacés n’est-il pas en cours d’arbitrage lui aussi ?
De même, pas la peine non plus d’avancer que le ‘système déclaratif obligatoire‘ va permettre d’avancer rapidement sur une solution, car ses résultats en sont plus que décevants au point de sembler ridicules. Idem pour l’augmentation, réelle mais insuffisante, du nombre d’observateurs des pêches : tant que le système sera basé sur le volontariat et que les bateaux de moins de 12 mètres pourront s’y soustraire.
Enfin, il serait vain de différer une décision difficile en avançant que des dispositifs acoustiques nouveaux ‘sont en train d’être étudiés’ ou qu’une ‘expérimentation prometteuse’ va permettre de diminuer les captures à une grande échelle : les faits récents démontrent que les captures proviennent de plus de cinq pêcheries différentes (y compris espagnoles) et donc ne peuvent être réduites par une simple solution technique.
Outre les milliers de dauphins potentielles victimes, des millions de citoyens sensibles à la protection de la Nature attendent qu’une décision de protection efficace soit prise avant l’hiver 2020-2021. A court terme, un moratoire de deux mois sur les pêches hivernales permettrait de juguler l’hémorragie. A moyen terme, un ensemble de mesures sur le contrôle effectif des captures réelles et le ciblage fin des zones de pêche, en temps réel, donneraient des éléments pour diminuer encore les captures. A long terme, des recherches nouvelles sur l’écologie des dauphins et de leurs proies viendraient alimenter une politique de gestion des pêches enfin digne du 21ème siècle.
Alexandre et cetaces.org