Mises-bas risquées chez les dauphins bleus et blancs
Dès la fin juillet, la saison des mises-bas commence pour les dauphins de l’espèce Stenella coeruleaoalba, la plus commune dans le nord de la Méditerranée. Au terme de 11 mois et quelques de gestation, une partie des femelles adultes met au monde un rejeton de 90 cm de long, à peine. Ces ‘mamans dauphins’ se regroupent souvent en petites unités, formant des groupes de 5 ou 6 paires mère-nourrisson.
Or à ce stade, les nouveau-nés sont extrêmement fragiles: ils doivent être allaités par leur mère régulièrement, tandis que celle-ci doit elle-même s’alimenter en profondeur. Une journée de séparation entre le petit et sa mère et c’est la mort. Ces groupes nurserie sont très vulnérables, car les bébés dauphins ne nagent pas bien (3 noeuds au maximum), ils n’ont pas de bonnes capacités d’apnée (moins d’une minute). Pour cette raison, le code de bonne conduite de l’observation interdit leur approche.
Cet état de grande vulnérabilité dure un peu plus d’un mois: à cet âge, le nourrisson est devenu un mini-dauphin, avec une bonne motricité et une bonne endurance. Le problème c’est que la pleine saison touristique se déroule en même temps que les mises-bas: opérateurs commerciaux et plaisanciers sont légion à vouloir s’approcher des dauphins (rappelons que l’approche à moins de 100m est interdite: il faut donc environ la longueur d’un terrain de foot entre le bateau et les dauphins…).
Un opérateur de whale-watching qui s’approche des groupes nurserie est incompétent ou malveillant. Un plaisancier qui fait de même en proclamant qu’il aime les dauphins est inconscient du stress et du risque qu’il provoque: s’approcher des bébés « si mignons », les pousser au-delà des limites de leur résistance, les affoler ou les séparer de leur mère, c’est leur faire courir un risque mortel; à terme, c’est mettre la survie du groupe en danger.
Le Groupe de Recherche sur les Cétacés, membre national de France Nature Environnement, observe trop souvent des cas de harcèlement et de poursuite des dauphins, lesquels sont interdits par la loi. En l’absence d’une action de l’Etat pour rendre la protection des cétacés effective face aux menaces d’aujourd’hui, des actions juridiques sont hélas à envisager.
Alexandre Gannier et cetaces.org