2017-2022, un quinquennat écocide dans le golfe de Gascogne
En ce 20 avril 2022, il y une chose que les instituts de sondage ne prévoient pas : le vote des dauphins aux prochaines élections.
Que reste-t-il du quinquennat écoulé pour les électeurs ? Pour tout le monde, la crise du covid demeure le point essentiel, avec la polémique initiale sur le ‘masque pas nécessaire’, suivie de restrictions sanitaires même pas imaginées par Georges Orwell, qui pourtant n’avait pas écrit les choses à moitié dans ‘1984’. Pour certains, il restera des ‘baisses d’impôts’, et donc leur vote est largement déterminé par la croissance de leur compte en banque. Enfin, pour les naturalistes marins, 2017-2022 marquera les mémoires comme la période de la pire catastrophe écologique qu’on ait connue en France, de mémoire de cétologue.
Sur cette période, entre 30 000 et 60 000 dauphins ont été tués dans les engins de pêche français et espagnols (essentiellement) du golfe de Gascogne. Sans compter les marsouins. Les gouvernements de Macron n’ont rien fait pour éviter l’hécatombe. EVITER : c’est le premier objet de la doxa ‘ERC’ (Eviter-Réduire-Compenser) lorsque la protection de la Nature est en jeu dans un projet de développement économique. EVITER aurait consisté à fermer les pêcheries responsables pendant plusieurs semaines chaque hiver, pour diminuer la mortalité. Ce fut demandé par les associations environnementalistes (et l’Union européenne), jamais accepté par le gouvernement et le monde de la pêche.
A défaut d’éviter, il est toujours demandé aux responsables de REDUIRE l’ampleur du mal. En l’occurrence, des actions furent entreprises à l’initiative des pêcheurs de Bretagne qui opèrent sur les chaluts pélagiques en boeuf, un ‘métier’ qui décime les populations de dauphins, et qui est pratiqué par une douzaine de bateaux. La mesure de réduction a consisté à placer des puissants dispositifs acoustiques à l’ouverture des chaluts. Son efficacité réelle n’est pas précisément connue, elle diminuerait d’environ 50% le taux de capture. Cette mesure n’a pas été initiée par le gouvernement, qui a cependant demandé à ce qu’elle soit généralisée à tous les chalutiers pélagiques (càd qui pêchent en pleine eau).
Mais aucune mesure de réduction n’a concerné les innombrables fileyeurs, qui capturent peu de dauphins à chaque marée mais sont des centaines à opérer nuit et jour dans le golfe de Gascogne. Des expériences sont en cours pour tester de nouvelles balises acoustiques, développées à grand frais, alors que les pingers ont démontré une efficacité de 50% environ, sur les dauphins communs, au Portugal. Il s’agit de réinventer la roue, surtout pour gagner du temps face à la pression de l’Europe : les millions ruissellent pour ce genre d’expérimentations, actuellement. Que ne ferait-on pas pour EVITER les captures.
Faute de mesures de COMPENSATION, car on ne peut surveiller les nids des cétacés pour augmenter le nombre de ‘jeunes à l’envol’ comme on le fait pour les oiseaux marins dans le cas de projets d’éoliennes, le gouvernement a mis le paquet sur des mesures d’ACCOMPAGNEMENT, de suivi sans effet direct sur la résolution du problème, et surtout sur la COMMUNICATION. La com’ est en effet le point fort du quinquennat 2017-2022, au point de devenir indigeste tant elle remplace l’action, dans beaucoup de domaines, et surtout pour la protection de la Nature. La com’ et les promesses d’un meilleur avenir …
Face à ce bilan terrible, que vont faire les dauphins ce dimanche 24 avril au moment où les électeurs sont convoqués aux urnes pour élire leur prochain ‘leader’ (soyons modernes, mettons un peu d’anglais dans notre verbiage) ? Il y a fort à parier qu’ils iront à la pêche.
2022-2027 verra-t-il une diminution de la catastrophe ? Macron instaurera-t-il une journée des dauphins pour être quitte du problème ? La réponse ne se trouve pas dans les sondages … mais tout simplement dans les habitudes des consommateurs français : ces derniers continueront-ils à acheter des poissons dont la capture est assortie d’une hécatombe de dauphins ?
Alexandre et cetaces.org