Identification des Cachalots de Méditerranée

Identifiés et (photo)capturés, les Cachalots divulguent des secrets

Après presque une décennie de sommeil, le Groupe de Recherche sur les Cétacés est en train d’achever une remise à jour de son catalogue de photo-identification du Cachalot en Méditerranée : grâce à Aurélie, près de 1000 photos décrivant plus de 250 individus sont répertoriées et décrites dans une base de données spéciale.

Un petit air de ‘déjà vu’ ? … les prochains mois nous le diront !

Le Cachalot est l’une des espèces qui se prêtent le mieux à la photo-identification grâce à son habitude de montrer généreusement sa caudale à chaque sonde de chasse. Pour cette raison, les travaux qui exploitent la photo-identification de cette espèce sont nombreux, y compris en Méditerranée. Le GREC n’est pas en reste, qui avait inauguré les recherches sur le Cachalot dès 1998, avec la thèse de Violaine Drouot-Dulau. Une des premières découvertes issues de la photo-Id avait été en effet que maître Physeter n’obéissait pas en Méditerranée au paradigme écologique valable en océan : les mâles rendent visite aux femelles même en plein été. Sacrés Don Juan !

Identifié mais tout juste … heureusement une petite échancrure permet d’espérer que cet inidvidu sera reconnu plus tard …

Beaucoup de personnes croient que la photo-identification des cétacés sert à dénombrer les populations : si cela reste vrai en principe, il faut de nombreuses hypothèses pour qu’une méthode de ‘capture-recapture’ s’applique avec bonheur à cette problématique. En réalité, pour des cétacés océaniques ces hypothèses se réalisent peu, à commencer par celle d’homogénéité des probabilités d’identification pour chaque individu de la population. Ainsi, il avait fallu beaucoup d’effort pour obtenir une estimation de la population de Cachalot en Méditerranée, grâce à la photo-identification (Rendell et al. 2014).

Parfois, la séance photo ne réussit pas bien … mais cet individu sera quand même catalogué : ce serait dommage de négliger une petite chance d’avoir une ‘recapture’ …

Aujourd’hui, nous attendons de cette nouvelle étude quelques réponses à des questions sur le cycle de vie des Cachalots de Méditerranée : les individus sont-ils fidèles à certains sites ? forment-ils des groupes stables, même pour les mâles adultes que l’on décrit souvent comme solidaires ? en vieillissant, un individu change-t-il ses habitudes alimentaires ? combien de temps un individu séjourne-t-il sur un site de chasse ? blessé par une collision, un Cachalot voit-il sa longévité raccourcie ?

Pour les puristes de la doxa ‘cachalotesque’, cette photo de côté ne sert à rien … pourtant elle a été utile pour confirmer une identification qui serait restée douteuse sans elle !

Les attentes sont grandes, on le voit, maintenant que nous avons débuté la recherche des ‘recaptures’ dans ce fameux catalogue. Il ne faudra pas trop d’un long hiver pour parvenir à ‘presser les données’ pour en obtenir un jus savoureux, surtout que comme les autres scientifiques du GREC, Aurélie est bénévole et étudie ses données quand elle a du temps disponible !

Alexandre et cetaces.org

Rendell L., S. Simião, J. M. Brotons, S. Airoldi, D. Fasano, A. Gannier, 2014. Abundance and movements of sperm whales in the western Mediterranean basin. Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems 24(S1): 31-40.

Drouot-Dulau V. & Gannier A., 2007. Residency and movements of sperm whale in the western Mediterranean Sea, preliminary photo-identification results. Journal of Marine Biological Association of UK  87: 195-200.