Un talus gascon qui promet et qui tient
Le talus continental du golfe de Gascogne est un haut lieu de la diversité cétologique ; il constitue naturellement un des centres d’intérêt principaux de nos prospections estivales. Grâce à une météo enfin favorable, nous pouvons nous projeter vers le large le 15 juillet.
La première journée confirme hélas les prospections de la semaine précédente : aucun cétacé (et très peu d’oiseaux) avant que l’on passe l’isobathe des 100m. Ce n’est pas avant la pleine nuit que nous contactons les premiers dauphins Delphinus delphis, qui accompagnent le voilier à plusieurs reprises pendant une heure.
Ces Dauphins communs sont d’ailleurs entendus (sifflements et écholocalisation) pendant toute la seconde partie de la nuit, suggérant qu’un grand nombre de dauphins fréquentent la zone pour chasser. Durant la journée du 16, nous poursuivons notre route vers le sud en alternant moteur et voile, car une petite brise de Nord permet parfois d’avancer en silence. De temps à autre, un groupe de Delphinus est détecté, avec en général au moins une cinquantaine d’individus.
En milieu de journée, nous observons coup sur coup deux groupes de Dauphins de Risso : le premier a un comportement très dynamique, avec moult sauts et battements de caudale. Comme ils sont très rapides, nous ne pouvons pas bien les approcher, d’autant que la structure est en sous-groupes et qu’ils nagent dans des directions variables.
Ces Grampus sont accompagnés de 4 ou 5 Delphinus qui participent à leur activité. Le second groupe comprend plusieurs nourrissons et se déplace sur un mode plus classique de ‘voyage’, mais comme il se dirige vers le Nord nous décidons de ne pas le suivre, d’autant qu’il faudrait allumer le moteur.
Petite surprise à l’heure du repas, alors que nous voguons gentiment à la voile, un groupe de trois Ziphius est vu à 300 m à l’arrière d’ Anacaona … décidément, ces ‘baleines’ de Cuvier surgissent souvent à l’arrière quand on ne les attend pas ! Mais pas de belle photo cette fois-ci, les circonstances ne permettant pas de les approcher tranquillement …
L’après-midi est plus calme : quelques petits groupes de dauphins seulement. Ce n’est que vers le soir que nous observons quelques groupes de Delphinus très dynamiques, tous se dirigeant vers le Nord. L’acoustique nous signale souvent la présence lointaine de Globicéphales … sûrement que la propagation du son est très favorable dans la région.
Ce n’est qu’après le début des quarts, à 22h10, que des cris forts avec tout un remue-ménage près du voilier nous annoncent la présence des globis : évidemment tous les équipiers viennent sur le pont pour ce spectacle nocturne. Les cétacés sont extrêmement proches d’ Anacaona, que toutefois ils ne touchent pas malgré des ébats parfois toniques !
La matinée du 17 est consacrée à la route vers le port : pas mal de bateaux de pêche, et encore plusieurs groupes de Delphinus très attirés vers le voilier (parfois 30 minutes à l’étrave), mais la brise de Nord nous permet de progresser tranquillement vers une petite période de repos.
Oui, météo aidant, le talus continental du golfe de Biscaye a bien tenu ses promesses d’abondance et de diversité : 20 observations sur quatre espèces. Le week-end va voir la petite équipe du Groupe de Recherche sur les Cétacés se renforcer, et c’est tant mieux car la météo semble vouloir rester belle.
Alexandre et cetaces.org